février 2018

Alimentation en France : vers une révolution ?

Fin 2017 se sont tenus les États Généraux de l’Alimentation en France, qui ont mobilisé l’ensemble des acteurs économiques, politiques et associatifs concernés par les questions agricoles et alimentaires. Un projet de loi a été déposé à l’Assemblée nationale le 1er février 2018, dans un contexte où les impacts du modèle agroalimentaire actuel sur la santé et l’environnement augmentent, et alors que le (sur)coût du « mieux manger » pour les consommateurs questionne sa généralisation.

Quand l’Hexagone s’arrondit

Désormais considérée comme une épidémie par l’Organisation mondiale pour la Santé, l’obésité serait responsable de près de 13% des décès en Europe selon une étude du Ministère français de l’économie et des finances. En cause : une mauvaise alimentation trop riche, déséquilibrée, couplée à une sédentarité grandissante.

Entre d’un côté les dépenses publiques engagées pour soigner les personnes et endiguer le phénomène, et de l’autre les pertes économiques engendrées comme l’exclusion du marché du travail, le rapport estime le coût total de l’obésité à 20 milliards d’euros par an en France, soit un peu moins que le tabac (26 milliards) mais plus que l’alcool (15 milliards).

Pourtant, les solutions en matière d’alimentation existent.

Environnement et santé : la bio, c’est mieux

Mandaté par le Ministère de l’Agriculture et appuyé par les chercheurs de l’INRA, l’institut technique de l’agriculture biologique (ITAB) a réalisé un état des lieux de la recherche scientifique afin d’identifier, caractériser, quantifier et chiffrer économiquement les externalités de l’agriculture biologique en comparaison à l’agriculture conventionnelle.

Qu’il s’agisse de la pollution des ressources en eau ou de la biodiversité, l’étude démontre les effets favorables de l’agriculture biologique sur l’ensemble des critères environnementaux pris en compte. Elle pointe les effets positifs de la consommation d’aliments bio pour la santé humaine, notamment grâce à une réduction de l’exposition aux résidus des pesticides, qui sont renforcés par les résultats récents de la cohorte BioNutriNet : au global, les consommateurs de produits bio réduisent les risques d’obésité et de pathologies associées. Solution toute trouvée ? Minute papillon…

L’enjeu central des marges

Consommer des produits bio, si en plus c’est meilleur pour notre santé : oui. Mais à quel prix ?

L’étude d’UFC-Que Choisir démontre que sur un panier de produits « bio », la marge de la grande distribution est deux fois plus importante en valeur que celle réalisée sur un panier composé des mêmes produits non-bio. Pour le consommateur, cela représente un surcoût de 135 euros que touchent directement les supermarchés, soit +20% ! Pas vraiment une paille.

Quelles sont les raisons d’un si grand écart ? Le rapport n’a trouvé aucun élément significatif qui justifierait une telle différence de marge brute entre produits bio et non-bio dans des conditions de commercialisation similaires.

Bilan : les produits bio seraient meilleurs pour notre santé, mais restent bien plus chers du fait des sur-marges de la grande distribution. Une ségrégation par le prix qui pourrait à terme venir accentuer une tendance déjà lourde dans les chiffres de l’obésité en France : depuis 1981, l’INSEE note une nette surreprésentation des obèses chez les ménages les plus pauvres par rapport aux plus aisés. Et l’écart se creuse.

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