Schématiquement, un téléphone portable est composé de :
- Une coque (matières plastiques)
- Un écran (europium, l’yttrium, le terbium, le gallium…)
- Une batterie (lithium, cobalt, or et électrolyte fluoré)
- Une carte électronique (métaux précieux, terres rares, matières plastiques et fibres de verre)
La vente de téléphone portable est en constante hausse depuis 2007, ce qui représente un coût environnemental considérable. De surcroît, la tendance est d’augmenter toujours plus la taille de l’écran, la qualité et la définition de la caméra, ou encore les capacités du téléphone portable. Les nouvelles générations de téléphones portables sont ainsi davantage néfastes, et ce notamment dans leur fabrication. Récolter des informations sur les impacts concrets de la chaîne de production des téléphones portables, de l’extraction à la consommation est très complexe. En effet, d’une part, l’appareil en lui-même est complexe donc difficile à décortiquer, et d’autre part, cette collecte est soumise à la volonté des fabricants de communiquer la liste de leurs sous-traitants. Or, celle-ci est souvent protégée au nom du secret industriel (Bolis, 2016).
L’association Les Amis de la Terre soulignent que les caractéristiques du secteur de l’électronique sont de vrais obstacles pour mener des actions et obtenir des améliorations réelles en termes de justice environnementale et sociale. Le caractère très compétitif du secteur conduit à un nivellement par le bas des conditions environnementales et sociales. Les acteurs sont engagés dans une recherche permanente de diminution des coûts pour rester dans la « course ». Il est donc difficile d’amener un acteur à modifier ses pratiques individuellement. Il faut donc agir sur plusieurs acteurs en même temps. L’existence de barrières (coûts de R&D par exemple) à l’entrée du marché des smartphones a contribué à la formation d’un oligopole sur celui-ci.
Cette structure de marché particulière, différente du monopole ou de la concurrence, se caractérise par la présence d’un faible nombre d’entreprises disposant généralement d’un pouvoir de marché. Ces entreprises (Apple, Samsung, Motorola, Sony, Microsoft, Huawei, Xiaomi) déjà en place n’ont par conséquent pas d’intérêt à faire évoluer leurs pratiques. Le marketing agressif auquel elles se livrent engendre une clientèle captive : les consommateurs sont dépendants de ces entreprises, et ne se montrent pas sensibles aux violations des normes et des règles environnementales et sociales, malgré leur médiatisation régulière.
Nourries par la situation d’oligopole, les capacités financières et matérielles très importantes des multinationales induisent de plus un rapport de force asymétrique avec des ONG aux moyens limités. Enfin, c’est un secteur fragmenté verticalement (sous-traitance) où, d’une part, les acteurs multinationaux sont difficiles à identifier et donc à interpeller, et où, d’autre part, les innovations technologiques récurrentes empêchent une bonne compréhension de la complexité des produits.