septembre 2018

La chasse à court de souffle

Avec la réouverture de la chasse, le débat est revenu dans les médias. Petit tour d’horizons des arguments des pro et anti-chasse, sur fond de préservation de la biodiversité.

La chasse en quête de sens

Ce livret, daté de 1995, revient sur l’histoire récente de la chasse en France. Lui-même chasseur passionné, l’auteur porte un regard très critique sur ce qu’elle est devenue.

Selon lui, le monde de la chasse a trop vite évolué depuis la seconde guerre mondiale, avec une hausse conséquente du nombre de chasseurs (+25% en 20 ans), dont beaucoup d’un nouveau genre, peu connaisseurs des milieux dans lesquels elle se pratique. Causalité ou corrélation, sur cette même période l’état de la biodiversité s’est dégradé et des tensions importantes sont apparues autour des responsabilités des différents acteurs agro-sylvo-cynégétiques.

Las, l’auteur dénonce un repli sur eux-mêmes des chasseurs, qui ont principalement recherché des solutions pour continuer à pratiquer coûte que coûte : lâchers d’animaux d’élevage, domestication d’espèces, mise en place d’un lobby très influent… L’auteur, qui se retrouve dans les critiques classiques faites à l’encontre de la chasse, recommande chaudement de remettre du sens et de l’authenticité dans les pratiques actuelles.

Un chasseur sachant chasser

Retourner vers des façons de chasser plus authentiques, mais également plus écologiques au regard de l’urgence de préserver la biodiversité : c’est l’équation que souhaite résoudre le Conseil de l’Europe.

Dans ce rapport, le Conseil mise sur les chasseurs comme des acteurs clefs du dispositif de préservation de la biodiversité à condition cependant qu’ils soient formés au préalable pour cela.  Par son double-rôle d’observation et d’action, le chasseur peut en effet participer efficacement à des projets de préservation de la faune sauvage.

Dans le cadre de la lutte contre les « Espèces Exotiques Envahissantes » (EEE), les exemples du raton laveur en Allemagne ou du chien viverrin en Scandinavie illustrent comment la communauté scientifique peut s’appuyer efficacement sur le réseau des chasseurs pour comprendre le fonctionnement des EEE et limiter leurs dégâts, créant du même coup des exemples intéressants de science citoyenne.

Réformer la chasse pour mieux préserver la biodiversité

Comment développer un cadre propice aux collaborations entre scientifiques et chasseurs en France ? C’est une des questions posées par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui rappelle que ces collaborations sont loin d’être évidentes dans un pays où, contrairement au reste de l’Europe, les chasseurs ont un quasi-monopole sur la gestion de la biodiversité.

Pour étayer son constat, la LPO liste les dérives liées à la trop grande autonomie des institutions cynégétiques françaises : périodes d’ouverture de la chasse plus longues que dans les pays voisins, autorisation donnée pour plus d’une vingtaine d’espèces menacées, maintien de techniques de chasse traditionnelles considérées cruelles…

Selon les auteurs du rapport, en l’absence de contrainte extérieure le monde de la chasse français restera incapable de répondre aux enjeux de la préservation de la biodiversité. Ils préconisent donc une réforme en profondeur pour mettre enfin en place une plus grande collégialité dans la gestion de la biodiversité.

Précédents débats

janvier 2020

Avant la retraite

décembre 2019

Consommation : le changement, c’est maintenant (?)

octobre 2019

États ou entreprises, qui est le plus puissant ?

octobre 2019

Derrière les fûts de bière

juillet 2019

La mobilité en (petites) roues libres

juin 2019

Cahier de vacances

mai 2019

(bio)Diversité d’indicateurs

avril 2019

Le vin et ses (des)accords

mars 2019

Caoutchouc cornélien

février 2019

Chroniques d’appellations non contrôlées